Pliure cosmique

Pliure cosmique

Un atelier de mécanique désaffecté, des espaces privés, une cabane autant d’architectures qui permettent d’entrelacer des pans de vie. Les artistes invitées révèlent des problématiques qui concernent la collectivité au travers de trajectoires individuelles familiales.

Loin d’être anecdotiques, les images rapportées du Maroc par Marie-Pierre Cravedi ainsi que les photographies de Maryam Ghasemi, d’origine iranienne, font état de la question migratoire et évoquent leurs préoccupations pour l’avenir incertain de la jeunesse.
Loan Nguyen
renverse sa méthodologie de travail, au lieu de puiser dans son propre passé, elle choisit d’inviter des personnes psychiquement fragilisées pour construire leur futur sous forme dialogique. Au travers d’une installation activée par une performance, Suzanne Perrin met en évidence les limites du recours aux archives familiales dans le cadre d’une quête identitaire.
Comme le dit Emanuele Coccia : « Maison n’est que le nom de cet agrégat de techniques visant à réaliser l’adéquation entre soi et la planète, une pliure cosmique qui fait coïncider, pour un moment, la psyché avec la matière, l’âme avec le monde. »* les espaces architecturaux présents dans ce parcours d’expositions sont de nature très diverse et deviennent prétextes pour rendre visibles des récits d’ordre politique et social.

*Coccia, Emanuele, Philosophie de la maison : L’espace domestique et le bonheur, Paris, Payot & Rivages, 2021, pp. 26-27.

Pliure cosmique 1
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Pliure cosmique 1

Marie-Pierre Cravedi
Amato

Suite à plusieurs voyages à Casablanca, Marie-Pierre Cravedi entrecroise deux séries de photographies réalisées au Maroc, celle d’un atelier de mécanique et celle de portraits de jeunes adultes. De l’atelier tenu par son grand-père, Amato (1914-2014), émigré d’origine italienne, il reste des outils et des recoins, dont l’état et la noirceur témoignent à la fois d’une activité dynamique passée et de la précarité actuelle de l’entreprise. Les couches de poussière et la rouille en deviennent palpables, les plans rapprochés offrent une expérience presque intime du lieu.
L’artiste parvient à dépasser ce point de départ si personnel en offrant, à travers le dialogue provoqué par l’agencement des images, des espaces de projections et de réflexions.
Dans la pénombre de l’atelier, quelques portraits aux regards graves s’apparentent de façon troublante à ceux des jeunes, à une différence près, celle de la trace laissée par le travail et le temps. Les machines monumentales deviennent des portraits et contrastent avec l’expression des corps vulnérables. Les déchets dans la pénombre de l’atelier, évoquant confettis et serpentins, donnent l’illusion d’une ambiance festive, mais la conjoncture réprime tous les désirs.
Après le désœuvrement, l’attente s’installe, la vidéo introduit cet état, proche du spleen, qui combine mal de vivre et rage de vivre, et qui nous ramène inlassablement au temps qui passe, à la quête de sens et à la mort.

L’ATTENTE Vidéo en boucle, 3’46’'

L’écran diffuse des plans fixes : quelques machines sont en mouvement, parfois un homme s’anime, mais dont la finalité de l’action reste indéfinie.
Dans ce décor suranné, seuls les téléphones portables nous situent dans le temps et dénotent la frénésie de notre époque où consommation, productivité et vitesse se heurtent brutalement à cette inertie. Les ouvriers viennent jour après jour au travail sans qu’aucune tâche ne leur soit donnée et leur désœuvrement fait naître une tension. Un basculement semble être sur le point d’arriver et fait écho au lien étroit et critique qu’entretient l’hôpital avec les notions de temporalités. L’attente se révèle parfois insupportable et nous ramène à nos limites.

WORKSHOP

Le Canard des enfants-philosophes n°7 :
Action philo-graphique pour une médiation de l’exposition AMATO de Marie-Pierre Cravedi

Avec Céline Ohannessian, animatrice d’ateliers philo & Émilie Renault, animatrice d’ateliers graphiques, pour les usagers de la pédiatrie

Mercredi 8 mars et mercredi 7 juin de 14h30 à 16h30

Espace CHUV


Bâtiment hospitalier principal
Hall d’entrée
Rue du Bugnon 46
1011 Lausanne

Jusqu’au 25 juin 2023


Ouvert au public en tout temps


VERNISSAGE


Jeudi 9 février 2023
à 18h

Pliure cosmique 2
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Pliure cosmique 2

Loan Nguyen
Cabane

Les RÉSIDENCES VU.CH à l’ESPACE CERY proposent un espace de travail, d’échanges et d’exposition à un ou une artiste professionnel·le.
En fréquentant cet espace, situé à proximité des Ateliers de réhabilitation, les publics prennent part à la vie culturelle de la région, favorisant l’inclusion sociale et le rétablissement.

Si la somme des expériences passées participe à la construction de l’identité, de quelle façon rêver son futur détermine-t-il la façon d’être soi aujourd’hui ?
C’est à l’intérieur d’une cabane, un espace précaire dans lequel l’imaginaire se déploie, que des discussions entre l’artiste et les bénéficiaires des Ateliers de réhabilitation entreprendront de répondre à cette question, sinon d’attester du potentiel de créativité d’une telle entreprise.

La construction collective de la cabane permettra les premiers échanges informels et la rencontre entre les bénéficiaires et l’artiste. Les interviews seront enregistrés et serviront de matière pour la production d’images. Ainsi, Loan Nguyen poursuit sa pratique artistique autour des notions d’identité et de mémoire.

WORKSHOP

Rencontre entre Loan Nguyen et les bénéficiaires des ateliers de réhabilitation.

Jeudi 6 avril et jeudi 4 mai de 14h30 à 16h30

Espace Cery · 1


Ateliers de réhabilitation
Route de Cery 12
1008 Prilly

Artiste en résidence


Renseignements
Isabelle Cuche-Monnier
Médiatrice culturelle
079 556 05 43

Pliure cosmique 3
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Suzanne Perrin
La forêt

Cette image bucolique d’un sentier à la lisière des sapins est une reproduction banale et décorative que Suzanne Perrin vient éprouver. Il s’agit du regard d’un⋅e photographe dont le travail anonyme s’est retrouvé produit en série sous forme de papier peint.
L’artiste modifie notre perception de l’espace d’exposition, avec une vue imposante de l’intérieur de la maison de sa grand-mère, derrière le bar de la pièce appelée le salon de musique, où la représentation de la forêt domine. Ce paysage placé dans un espace domestique, rend cette reproduction plus singulière, étant étroitement lié à une histoire familiale qui lui donne le statut de témoin.

Les publics sont invités à assister à la reconstruction du papier peint arraché du mur de la maison familiale, dont il porte encore l’odeur. Comme une archéologue, Suzanne Perrin recompose et assemble pour faire état d’une existence. L’action sur l’image devient un geste vain, une forme de résistance ou peut-être la réponse au besoin de se confronter à ce qui émane d’un objet après le décès de son propriétaire.

Cette matérialisation du souvenir, où l’acte performatif induit le mouvement pour mieux redonner vie, entre en dialogue avec la série de lichens brodés. Les notions de résistance et d’immobilité réapparaissent avec ce champignon parasite.
La technique utilisée par l’artiste s’apparente à l’action de repriser, un geste de réparation qui évoque le temps qui passe et une union étroite. Il en résulte de petits univers, comme des échappatoires, dont l’aspect graphique contient à la fois le motif des racines et celui de la forêt.

PERFORMANCES

Les samedis
25 mars, 1er avril, 8 avril et 15 avril
De 11h à 12h

Et pour le finissage de l’exposition samedi 20 mai dès 11h

Espace Mercerie


Rue Mercerie 22
1003 Lausanne

25 mars – 21 mai 2023


Ouvert tous les samedis
de 11h à 14h

Pliure cosmique 4
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Pliure cosmique 4

Suzanne Perrin
État des lieux

Dans l’intention dérisoire de dresser le portrait d’une colocation nombreuse, ses membres de passage et locataires successifs, Suzanne Perrin fait l’inventaire de quatre placards de cuisine.
Présentés froidement, telles des pièces à conviction et isolés de tout contexte, ces accessoires, assiettes bordées or, couteaux avec un manche en corne ou simples récipients, deviennent des détonateurs de souvenirs. Plus ou moins sophistiqués, ils matérialisent des séquences de vie et une société en continuelle transformation. La cuisine étant par ailleurs le lieu de la transformation par excellence.
Cette installation rappelle divers fondamentaux : dans la notion d’inventaire, le désir de connaissance et d’appartenance est révélé. La cuisine, bien que possible théâtre de divers drames, symbolise l’intention de se maintenir en vie.

Bibliothèque universitaire de médecine


CHUV/BiUM
Chemin des Falaises 2
1005 Lausanne

Jusqu’au 25 juin 2023


Lundi à vendredi de 8h à 22h
Samedi et dimanche de 9h à 21h

Pliure cosmique 5
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Pliure cosmique 5

Maryam Ghasemi
Sedimentary Clouds

Se sentir chez soi, un ressenti que Maryam Gahsemi explore à partir de captures d’écran d’appels vidéo passés avec ses proches restés en Iran. La technologie réduit les distances, les images sont anodines, bien que personnelles et incomplètes à cause des problèmes de connexions. Ces défauts rappellent le processus même du souvenir qui se définit par des manques.
Proche de la peinture, l’artiste travaille par couches successives et exploite les accidents. Grâce à l’aide d’un logiciel de postproduction, Maryam Gahsemi cumule des multiples moments d’échanges, laissant apparaître des bouts d’appartement, des objets qu’elle se charge de réagencer et redessiner.
L’absence de repères spatiaux précis et de présence humaine perturbe l’espace architectural avec ses perspectives et questionne la notion de maison. Ces trois œuvres, dont le format vertical correspond à celui du téléphone portable, communiquent l’expérience de l’expatriation. Le processus, autant que le résultat exposé en plein air, fait état d’une recherche et évoque une sensation d’entre-deux.

Hôtel des patients


Avenue de Sallaz 8
1005 Lausanne

Jusqu’au 25 juin 2023


Ouvert en tout temps