Traversées

Cinq expositions automnales au CHUV et ailleurs
Forme de dessin codifié, l’écriture peut renvoyer à un son, à une idée ou à une image. Simples ou complexes, texte et dessin sont des pratiques aux destins entremêlés dans l’art contemporain et l’automne chuvien les met en lumière à travers les travaux de trois artistes présentés en cinq lieux. « Traversées » est le titre emprunté au travail inédit de Nathalie Perrin réalisé pour le hall d’entrée du bâtiment principal. Mais, les lettres ont également pris leurs quartiers à la bibliothèque universitaire, à l’Hôtel des Patients et à Espace Cery, soit à coup de graphite (Julia Sørensen), soit en coulant du pinceau sur la toile (Hadrien Dussoix). Pour nourrir l’imaginaire, des ateliers d’écriture ont lieu sur le site de Cery et Lisa Benaroyo emmène de jeunes patients rencontrer la création. Tout un programme à découvrir non pas par le menu mais par l’alphabet. Bonne lecture!

Traversée 1
Nathalie Perrin

« Faire parler les murs » de l’hôpital. Loin des communiqués de presse, des statistiques, de l’actualité de la crise sanitaire, des études scientifiques, des rapports administratifs, l’artiste Nathalie Perrin (*1989) s’est engagée à donner la parole aux personnes qui de près ou de loin sont concernées par le milieu hospitalier – soit en tant que soignant.es, soit en tant que patient.e.s –. Son regard subjectif, son investigation auprès de personnes librement approchées durant l’année écoulée, son dessin, les mots choisis, l’organisation de sa composition sont autant d’éléments pour refléter ce qui se passe dans la vie quotidienne du grand bateau qu’est le CHUV, tout en évitant l’écueil de l’illustrer au premier degré. Doux équilibre entre poésie des témoignages et histoire du soin, ce monumental dessin imaginé spécifiquement pour Espace CHUV est le plus grand dessin jamais réalisé par l’artiste de Lutry, dont des travaux de format plus modeste sont exposés parallèlement dans sa galerie lausannoise.

L’artiste travaillera en continu dès le 6 septembre, offrant la possibilité aux passant-e-s d’assister au quotidien à l’évolution du dessin.

Passage de témoin - atelier de dessins pour adolescent-e-s
Dans la continuité du projet de Nathalie Perrin, un atelier est proposé aux adolescent-e-s présent-e-s sur la Cité hospitalière, prolongeant le dialogue mené par l’artiste, sous une forme ludique et vouée à déployer l’imaginaire des participant-e-s. Par Lisa Benaroyo, médiatrice culturelle, en collaboration avec Nathalie Perrin et les éducateurs-trices de l’Espace éducatif du CHUV.

Ateliers individuels en chambre, 8 octobre 2021
Ateliers en groupe à l’Espace éducatif, 12 et 26 novembre 2021 (14h et 16h)

Traversée 2
Julia Sørensen

À partir d'un répertoire d'images et de textes, les œuvres qui naissent sous le crayon ou le pinceau maîtrisé de Julia Sørensen (*1979), se déclinent en séries. Dessin et écriture se nourrissent l’un l’autre et trouvent leurs formes sur le papier dans un assemblage libre où le sens peut successivement se perdre, s'inventer ou se trouver. Preuves en sont les trois définitions exposées à l’Hôtel des Patients, tirées d’un «Effaire», autrement dit d’un dictionnaire concentré sur la lettre F mettant en mots ce que d’autres rêveraient éveillés. Partie d'une liste de 75 mots en F, arbitrairement choisis dans un dictionnaire – de «fabriquer» à «fuyant» – l’artiste de Marchissy a disloqué chaque mot pour en esquisser une (re)définition résolument subjective, qui se découvre aux éditions art&fiction [Julia Sørensen, (FA-FU), art&fiction, 2018, 84 pages].

Traversée 3
Hadrien Dussoix

Lips, Tits, Hips était le premier nu qu’Hadrien Dussoix (*1975) peignait, ou plutôt qu’il écrivait, car silhouette et formes avaient cédé leur place à des lettres pour exprimer l’idée d’une femme. Depuis, l’acrylique ne cesse de couler en une cursive ronde et épaisse pour inscrire d’autres ensembles de lettres sur des toiles, qui constituent des mots afin d’incarner une idée ou une image. Des mots ne comptant jamais plus de quatre lettres, «parfois cinq quand ils sont composés d’un i», comme l’explique le Genevois. Parce que ce maximum de quatre ou de cinq lettres organisées en trois ou en quatre mots permet de rester encore dans le champ de la forme plutôt que de devenir texte.

Ateliers d’écriture
Un atelier offert en 6 séances aux bénéficiaires du site de Cery, pour le plaisir d’écrire, des exercices, des conseils et un partage créatif pour toutes et tous. Par Jon Monnard, écrivain. En collaboration avec So-Psy.
Renseignements auprès d’Isabelle Cuche-Monnier, médiatrice culturelle 079 556 05 43 ou auprès du MSP/soignant

Lauréates de la bourse de la fondation Alice Bailly

Chaque année, la Fondation Alice Bailly attribue une bourse à un-e jeune artiste. Cette année 2021, ce sont exceptionnellement deux plasticiennes qui toutes deux reçoivent une bourse.

LAURA THIONG-TOYE
Passionnée de botanique, Laura Thiong-Toye (*1986, Genève) développe un univers fait de vases et de fleurs, de formes, de couleurs et de patterns. Tout est pensé dans son travail pour sortir la nature morte de ses clichés d’antan et l’animer d’une vie inattendue, entre éclats et audace tantôt baroque, tantôt acidulée, dans un mélange décomplexé de cultures d’ici et d’ailleurs.

MYRIAM ZIEHLI
Connue pour sa recherche expérimentale questionnant les modes de représentation de notre société, Myriam Ziehli (*1987, Lausanne) développe principalement un travail photographique dont elle renouvelle les codes et les usages. Tirées sur différents supports, ses photographies jouent par exemple sur des jeux de lumières, entraînant reflets et ombres dans des formats pour l’occasion exceptionnellement grands et noir et blanc.

Laura Thiong-Toye

Passionnée de botanique, Laura Thiong-Toye (*1986, Genève) développe un univers fait de vases et de fleurs, de formes, de couleurs et de patterns. Tout est pensé dans son travail pour sortir la nature morte de ses clichés d’antan et l’animer d’une vie inattendue, entre éclats et audace tantôt baroque, tantôt acidulée, dans un mélange décomplexé de cultures d’ici et d’ailleurs.

Pascal Aeschlimann

Fréquentant l’atelier Césure au sein des Ateliers de réhabilitation depuis une dizaine d’années, Pascal Aeschlimann (*1963, Lausanne) produit des peintures à l’huile dont la touche fait vibrer paysages, jardins et fleurs au diapason d’une palette riche en couleurs. Ses compositions égayeront les couloirs du Service de médecine des addictions durant un an.

Pour un herbier

«Les voilà, elles sont arrivées, les pivoines de qui vous dites qu’elles sentent la rose, annonciatrices des premières roses. Donnez beaucoup d’eau à ces fastueuses corolles, auxquelles demeure en effet quelque chose de la rose, quelque chose mais non pas son parfum» écrivait Colette dans Pour un herbier (Mermod, Lausanne, 1948). Son éditeur lui avait proposé de lui envoyer régulièrement un bouquet de fleurs à chaque fois différentes et Colette, en contrepartie, faisait le «portrait» de l'une ou l'autre de ces fleurs.

Qui ne se réjouit pas du renouvellement printanier? Aujourd’hui, un bouquet de cinq artistes présentant sept expositions vous est proposé au CHUV pour célébrer le végétal, la nature, l’art et la médecine. Car la nature est une formidable source d’énergie qu’il convient de mettre à profit. Et l’humain et la nature peuvent ainsi prendre soin l’un de l’autre. Ces expositions sont nées de la volonté de mettre en lumière la présence cardinale des jardins thérapeutiques à l’hôpital. Comme celui en neuro-rééducation aiguë qui accueille depuis 2015 des patient-e-s sortant du coma ou celui de Prangins, qui améliore le traitement des patient-e-s en psychiatrie.

Herbier 1 – Mireille Gros

Toutes les œuvres de Mireille Gros (*1954, Bâle) sont nées d’un regard réflexif qui exprime un profond respect de la nature. Elles témoignent d’une fascination pour le mystère de l’existence, l’origine de la vie, le flux des choses. L’artiste explore inlassablement l’infiniment petit, pour atteindre, à travers ses créations de formes végétales, une grande densité poétique, entre métaphore et figuration. Depuis plus de 40 ans, chaque jour, elle s’emploie à créer de nouvelles plantes pour rendre compte à sa manière de la richesse de la biodiversité. Son travail est présenté en 3 lieux: l'Espace CHUV (installation principale), la Bibliothèque universitaire de médecine et l'Hôtel des Patients.

Mireille Gros

Herbier 2

Volet complémentaire de ce qui est présenté à l'Espace CHUV, l'exposition à la Bibliothèque de médecine de Mireille Gros se découvre en 4 vitrines avec un choix de ses carnets de dessins. Pendant des années, l'artiste a recueilli, consigné, collé - on pourrait presque dire semé - ses idées, ses notes, ses photographies et ses impressions dans plus de 80 carnets. Ils constituent aujourd'hui une bibliothèque personnelle donnant à voir une éclosion de la représentation. Preuve en est la composition vivante de plus de 400 dessins, peintures et collages qui s'expose actuellement à l'Espace CHUV.

Mireille Gros

Herbier 3

Volet complémentaire de ce qui est présenté à l'Espace CHUV, l'exposition à l'Hôtel des Patients de Mireille Gros s'immisce dans les salons du rez-de-chaussée. Dans ce contexte plus intime où il est possible de s'arrêter, de lire et de se reposer, des plantes rampent sur des formats verticaux et contribuent à élever le regard.

Laura Thiong-Toye

Herbier 4

Passionnée de botanique, Laura Thiong-Toye (*1986, Genève) développe un univers généreux fait de vases et de fleurs, de formes, de couleurs et de patterns. Dans ses installations de sculptures et de peintures, tout est pensé pour sortir la nature morte de ses clichés d’antan et l’animer d’une vie inattendue, entre éclats et audace tantôt baroque, tantôt acidulée.

Anaëlle Clot

Herbier 5

Au centre-ville, sur un mur vert chargé de chlorophylle, les formes dessinées par Anaëlle Clot (*1988, Assens) prennent à la fois des airs de flores intestinales et de paysages organiques. L’artiste se joue des échelles, confondant l’infiniment grand et le tout petit, dans une vision du monde en forme d’écosystème unifié et complexe. Comme en ébullition, ses compositions évoluent du solide vers le liquide, du vivant vers l’inerte et vice versa.

Pascal Aeschlimann

Herbier 6

Fréquentant l’atelier Césure au sein des Ateliers de réhabilitation depuis une dizaine d’années, Pascal Aeschlimann (*1963, Lausanne) produit des peintures à l’huile dont la touche fait vibrer paysages, jardins et fleurs au diapason d’une palette riche en couleurs. Ses compositions égayeront les couloirs du Service de médecine des addictions durant un an.

Julien Raboud

Herbier 7

Entre horizons chatoyants et cieux déchaînés, les peintures abstraites de Julien Raboud (*1979, Lausanne) racontent les forces de la nature dans une explosion gourmande de teintes vives. Peintre depuis une dizaine d’années, l’artiste est également actif dans l’atelier Césure des Ateliers de réhabilitation.